
Les métiers d’art évoluent. Politiquement, avec notamment la création des Manufactures nationales en janvier dernier, un nouvel établissement public qui doit soutenir la filière dans toutes ses dimensions. Dans les pratiques des professionnels ensuite, avec la prise en compte accrue des problématiques environnementales, éthiques, sociales et économiques de nos métiers. Dans la médiation culturelle, qui se réinvente sans cesse pour attirer de nouveaux publics. Dans la formation enfin, qui se doit de prendre en compte toutes ces évolutions pour offrir aux jeunes verriers les outils qui leur permettront de pratiquer leur art et de vivre de leur métier.
Retour sur le lancement des Manufactures nationales, qui a eu lieu à Paris en janvier dernier, sur ses enjeux et ses ambitions, et sur la façon dont les formations du Cerfav y répondent.
Création des Manufactures nationales par le Ministère de la Culture en janvier 2025

Le Ministère de la Culture a officialisé la création d’un nouvel établissement public au 1er janvier 2025, réunissant deux établissements – le Mobilier national et la Cité de la Céramique – Sèvres & Limoges.
Ce nouvel établissement, baptisé Manufactures nationales, a pour ambition de pérenniser la transmission de nos savoir-faire, structurer la filière implantée en territoires et contribuer à la diffusion et à la valorisation, auprès du plus grand nombre, de ces métiers à préserver.
Les Manufactures nationales travaillent notamment à réaliser :
- Un soutien à la formation, entre autres par la création d’un CFA des « métiers orphelins » et le développement de formations en région.
- Une mise en lumière des collections et des professions en lien avec de grands événements culturels et patrimoniaux.
- Un soutien aux entreprises du patrimoine vivant et aux maîtres d’art via des campagnes de restauration et d’acquisitions.
- La promotion de la filière à l’international, avec notamment le lancement de la revue anglophone The Savoir-faire.
- Une acculturation aux enjeux environnementaux pour les métiers d’art, avec la création d’un laboratoire des pratiques durables.
❝ En unissant les forces de Sèvres et du Mobilier national, nous renforçons un modèle d’excellence unique, qui incarne tout un art de vivre à la française, une identité culturelle qui inspire et qui rayonne dans le monde entier. ❞ Rachida Dati, ministre de la culture, discours du 15 janvier 2025.
Produire et transmettre des connaissances et des savoir-faire verriers
Le Cerfav, par son objet et son implantation locale, s’inscrit naturellement dans la ligne de ce nouvel établissement public et dans les nouveaux enjeux du secteur, grâce à ses trois pôles qui se nourrissent l’un l’autre : la formation, la recherche/innovation et la médiation culturelle.

L’œuvre “Parée” de Laëtitia Bontems en est un bon exemple. La base de cette œuvre, que Laëtitia a conçue alors qu’elle était en formation “Créateur verrier” , consistait en un bijou en verre, incluant une pierre de carbure de silicium en son centre. Ce minéral présentait-il un risque sanitaire ? Pourrait-il être porté à même la peau ? L’équipe R&D du Cerfav a pu mener les tests nécessaires avec les équipements de son laboratoire, et l’assurer de l’innocuité du minéral. L’œuvre a donc pu être produite, et en 2022, sa beauté lui a permis d’être sélectionnée pour être exposée au musée des Beaux-Arts de Nancy, dans le cadre de l’exposition « Verre, 30 ans d’innovations au Cerfav».

Les travaux du Cerfav sur les outils numériques innovants pour l’aide à l’apprentissage des métiers d’art (projet Craeft – https://www.craeft.eu/) en sont également une bonne illustration. En effet, grâce à ce projet, les apprentis ont pu tester une plate-forme de e-learning pédagogiquement innovante et orientée métier. Ils ont aussi eu l’opportunité de s’immerger dans un studio virtuel, dans lequel ils ont découvert les outils, les machines de l’atelier et les gestes du soufflage. Par les retours qu’ils nous en font, les élèves nous aident à co-développer la plate-forme et le studio. D’autres outils enfin, tels que le modelage virtuel en 3D pendant une phase de conception, sont déjà intégrés dans leur parcours de formation au Cerfav. Toutes ces actions ouvrent ainsi de nouvelles perspectives pour la transmission des savoirs et savoir-faire dans l’enseignement des métiers d’art.

Les innovations scientifiques et technologiques ne sont pas en reste, avec l’équipe R&D qui travaille à la mise au point de solutions pour les aspects d’empreinte environnementale et de protection de la santé. Le projet Supl’art par exemple, a permis de mettre au point de nouveaux alliages pouvant potentiellement remplacer le plomb métallique dans les vitraux. Ce sujet d’actualité est indispensable pour la survie du métier de vitrailliste, si la réglementation européenne évolue dans le sens annoncé d’une interdiction du plomb.
Au Cerfav se côtoient ainsi des artistes, des artisans, des designers, des chercheurs, des galeristes, des historiens de l’art et, osons le dire : des geeks. Tous engagés autour de la même envie : accompagner les métiers d’art verriers dans leur évolution !
Des savoir-faire préservés et innovants
La création des Manufactures nationales porte l’ambition du soutien à la filière des métiers d’art par une structuration multisectorielle des créations et pratiques artisanales. Elles apportent des réponses à l’évolution des savoir-faire, dans un contexte où l’innovation devient une nécessité d’adaptation. Le Cerfav, avec son organisation pluridisciplinaire, allie les forces de ses différents domaines d’expertise, pour rendre cette adaptation concrète. Il est porté par les ressources de création et d’innovation des artisans, artistes, formateurs et ingénieurs, pour la transmission et la préservation.
Crédits photographiques : Cerfav/Julia Schaff sauf mention contraire.