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Étude de cas : les défis de la restauration du patrimoine Art nouveau, la villa Majorelle

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Lors du Symposium international « Redonner vie au patrimoine Art nouveau : théorie et pratique en restauration » organisé à Bruxelles les 27 et 28 novembre 2024 par le RANN (Réseau Art Nouveau Network), Anne Pluymaekers, historienne de l’art et responsable du pôle Culture au Cerfav a évoqué le projet de restitution des luminaires en verre de la villa Majorelle à Nancy, mené par le Cerfav en 2019.

Le style Art nouveau a donné une place inédite et remarquable au matériau verre, que ce soit par l’intégration de vitraux pour l’apport de la lumière au cœur des édifices ou l’augmentation des luminaires en lien direct avec la révolution électrique. Plusieurs spécialistes ont souligné son importance dans des communications telles que la conservation des mosaïques et des tesselles de verre en Hongrie par Brigitta Kürtösi ou la restauration des vitraux de la coupole de l’Hôtel de maître Van Eetvelde à Bruxelles par l’atelier Metsdagh. Le sujet proposé par le Cerfav a été retenu comme étude de cas illustrant les défis et stratégies de la restauration du patrimoine Art nouveau. La communication intitulée : « L’art verrier, entre préservation des savoir-faire et innovation : l’exemple des luminaires de la villa Majorelle à Nancy » a évoqué les étapes, difficultés et aboutissements de ce projet fédérateur.

Restaurer les luminaires de la Villa Majorelle : un défi

Pour mémoire, après un appel d’offres infructueux, la conservatrice du musée de l’École de Nancy a sollicité le Cerfav qui a accepté de relever le défi de restaurer les globes de verre et les luminaires de la Villa Majorelle, au plus près des originaux perdus. Disposant de toutes les ressources scientifiques, techniques et humaines pour aborder et mener à bien la réinterprétation de l’éclairage en verre de la Villa Majorelle, le Cerfav s’est vu confier cette mission. Cela a permis de renforcer le travail de sauvegarde du patrimoine et de transmission des savoir-faire verriers auquel l’institution s’est attelé depuis sa création en 1991.

Sept pièces sont sorties de nos ateliers et sont désormais serties dans les montures originales de l’atelier Majorelle ou dans leurs reproductions. Les trois modèles commandés ont nécessité des recherches, des essais et des prélèvements avant d’aboutir aux procédés de mise en œuvre propres à chacun d’entre eux. Ce travail réalisé par l’équipe pluridisciplinaire du Cerfav a été une série de défis relevés pendant trois mois. Le Cerfav a souhaité également associer son ancien élève et artiste nancéien Gérald Vatrin à la réalisation des pièces. Ce projet global, unique en son genre, a nécessité à la fois l’utilisation d’outils numériques et de techniques traditionnelles.

En préambule à la réalisation proprement dite, un important travail de recherche a été effectué. L’étude a porté sur les luminaires réalisés par la verrerie Daum, partenaire des ateliers Majorelle depuis 1894 et auteur des luminaires originaux. L’analyse des techniques utilisées par ce fabricant a été prolongée par la lecture des manuels et guides du verrier publiés au XIXe siècle et conservés à la bibliothèque du Cerfav.

Les étapes de réalisation

Le cahier des charges documenté fourni par le musée de l’École de Nancy, maître d’œuvre du projet, a fait l’objet d’une étude approfondie. Des rencontres au musée et à la Villa Majorelle ont permis de prendre réellement et physiquement connaissance des éléments utiles à la réalisation des restitutions. Ces éléments ont ensuite été mis à disposition. Ils ont contribué au choix des orientations techniques et « design » des réalisations. Ils ont également assuré la correspondance des éléments verriers fabriqués avec les cadres et supports métalliques.

La mission comprenait également le suivi de l’exécution, la concertation avec le musée et l’architecte du patrimoine, la coordination avec d’autres prestataires professionnels des métiers d’art, la pose des pièces et la rédaction d’un rapport détaillé.

La restauration des éclairages en verre de la Villa Majorelle a été réalisée dans les règles de l’art et a abouti à un résultat fidèle aux originaux, tout en incluant une part d’interprétation. Le nombre et la qualité des savoir-faire à coordonner pour la réussite d’une telle opération sont impressionnants. Ils sont devenus rares et nécessitent un niveau d’exécution qui rappelle l’importance de la mission du Cerfav dans la formation des nouvelles générations de verriers.

Il a été souligné que le projet de restauration de la villa Majorelle a réuni nombre de corps de métiers dont des artisans aux savoir-faire rares, dont les conservatrices-restauratrices de vitraux : Pauline Parfait, Bénédicte Lachéré (Bl Vitraux) et Emma Isingrini-Groult (Atelier Muranese), ainsi que la conservatrice-restauratrice d’objets en verre et céramique, Natacha Frenkel (Art’s du feu).

La suite du projet de restauration

Actuellement, la villa Majorelle entre dans la phase suivante de travaux avec la rénovation du second étage dont les espaces ateliers de Louis Majorelle. Dans le petit atelier, une verrière zénithale en verre opalescent rosé imprimé-texturé nuagé est lacunaire. Il sera nécessaire de fabriquer un verre au plus proche de l’original car ces verres anciens ne sont plus actuellement produits. Le Cerfav sera-t-il sollicité pour poursuivre cette collaboration, affaire à suivre !

Le Cerfav est régulièrement sollicité pour la réalisation de projets complexes et pour son expertise dans l’analyse de dégradations de verres intégrés dans des ensembles patrimoniaux tels que l’Opéra de Lille ou le Jardin des Tarots de Niki de Saint Phalle.

La conférence d’Anne Pluymaekers au symposium en replay

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