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[Dossier thématique] Estampage ● Rencontre avec Jean-Luc Olivié à l’occasion de l’exposition ‘Henry Cros’ au musée des Arts décoratifs de Paris

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Henri Cros, Médaillon « Profil de femme », France, vers 1890 ; pâte de verre ; signé « CROS » ; 130 mm (H.) X 42 mm (diam.) – MDV inv. 876 – Musée du verre de Charleroi
Jean Cros, Disque ou médaille à visage féminin, France, début XXe siècle ; pâte de verre ; signé « Jean Cros » ; 170 mm (diam.) – MDV inv. 472 – Musée du verre de Charleroi

L‘exposition Henry Cros a eu lieu du 6 mars au 26 mai 2024 au musée des Arts décoratifs de Paris.
Nous vous proposons une interview du commissaire de l’exposition, conservateur en chef, chargé des collections de verre, Jean-Luc Olivié – propos recueillis par Anne Pluymaekers, responsable du pôle Culture du Cerfav.

Peintre, sculpteur, céramiste et verrier, Henry Cros (1840-1907) est avant tout pour les verriers, le grand redécouvreur de la technique de la pâte de verre antique. Pour le grand public, il reste une figure méconnue de l’art du XIXe siècle, que l’on associe avant tout à ses apports sur l’utilisation de la couleur en sculpture. Pour rappel, en 1884, il devient le premier sculpteur à aborder le matériau verre en inventant la technique qu’il nomme « pâte de verre », et s’intéresse au domaine des arts décoratifs avec une production inspirée de thèmes de l’Antiquité. Attention à ne pas le confondre avec son homonyme l’artiste peintre pointilliste Henri-Edmond Cross !

Anne Pluymaekers : Pourquoi Auguste Rodin qui admirait tant Henry Cros a-t-il déclaré que « Cros fut un des hommes les plus glorieux de la statuaire du 19e siècle. Il a passé, inconnu. » ?

Jean-Luc Olivié : Cros était loin d’être un inconnu. Il est surtout méconnu du grand public. Contrairement à Rodin, le temps de travail nécessaire à la réalisation technique des œuvres est plus important que pour Rodin qui travaillait principalement le plâtre. Par conséquent, Cros a produit un nombre réduit d’œuvres en regard de la productivité de Rodin entouré de nombreux intervenants-exécutants. La polychromie des sculptures de Cros est différente à chaque fois et est mise en œuvre par lui-même exclusivement.

AP : Selon vous, pourquoi aura-t-il fallu attendre près 100 ans pour qu’une exposition monographique lui soit de nouveau consacrée ?

J-L O : Les créations de Cros sont déjà bien visibles au sein de nombreuses institutions françaises. L’intérêt pour l’artiste s’est accentué ces dernières années car des oeuvres et des archives sont dernièrement réapparues. Certaines d’entre-elles sont entrées dans les collections du musée. L’occasion était belle d’actualiser les recherches à son sujet et de poursuivre en donnant à voir grâce à cette exposition et cette publication les multiples facettes de son art concrétisées dans différentes techniques et matériaux.

AP : Quelles sont les spécificités de ses pâtes de verre qui le différencie de ses confrères ou concurrents redécouvreurs ?

Cros est surtout le premier à redécouvrir la pâte de verre. Les autres artistes vont chacun trouver et développer leur type de la pâte de verre : translucide, extra-fine, etc. L’originalité de Cros est de faire une pâte de verre opaque et mate et d’ouvrir la voie de la sculpture monumentale en verre.

AP : Quelques mots pour qualifier :

  • ses créations en pâte de verre : inédites, originales, éloignées des caractéristiques classiques du verre du fait de leur matité et de leur opacité
  • l’artiste : infatigable chercheur, inventif et poétique
  • son inspiration : la sculpture polychrome dans tous ses aspects, les cires de la Renaissance et du 18e siècle ; le monde méditerranéen ; l’antiquité l’inspire mais il ne la copie pas.

AP : De nos jours, quels artistes verriers les plus notables qui travaillent l’estampage dans l’esprit d’Henry Cros ?

J-L O : Pour moi, en France, dans la lignée de Cros, Marie-Aimée Grimaldi. Elle fait des sculptures tridimensionnelles moulées polychromes et mates en verre, citons également Anne-Lise Riond-Sibony qui associe plusieurs techniques verrières dont la pâte de verre dans ses oeuvres. A l’étranger, je pense à Sibylle Perreti, Tessa Cleg qui explore un registre non figuratif contrairement à Cros, Nicolas Africano, Keith Cummings, Penny Carter.

Infos en +

Un catalogue monographique sans précédent a été publié pour l’occasion. Il réunit un ensemble remarquable de ses oeuvres sur papier – corpus en grande majorité inédit -, met en lumière ce riche patrimoine graphique en le confrontant aux oeuvres peintes et sculptées conservées au musée des Arts décoratifs et dans quelques autres collections, tout aussi inédites.

Découvrez-en plus sur l’exposition dans la vidéo du musée des Arts décoratifs de Paris sur les étapes de fabrication de l’estampage :

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